Eugène-Gabriel Pagnerre (1874-1939), cet incroyable architecte monsois

Photo ci-dessus : Francis, petit-fils de l'architecte Eugène-Gabriel Pagnerre, devant le Vert Cottage le dimanche 6 décembre 2009, après avoir participé, avec l'association Eugénies, au circuit découverte des constructions de son grand père sur le Grand Boulevard.

Rue du Général-de-Gaulle, rue Henri-Poissonnier ou encore rue Pasteur, on est frappé par l'alignement des maisons.

Il y a, ici, des habitations de prestige avec des façades imposantes, richement décorées, là, des demeures modestes, pleines de charme et d'élégance. Hautes et étroites, elles sont serrées les unes contre les autres et, malgré leurs inspirations diverses, elles ont l'air d'appartenir à une même famille. Si l'on s'approche, on découvre, sur le mur, une plaque qui indique le même architecte : Gabriel Pagnerre. Avant 2005, ce nom était quasiment inconnu à Mons. Il a fallu le travail de Jacques Desbarbieux, auteur du livre Gabriel Pagnerre, architecte de notre terre, et le film Sur les traces de Pagnerre pour qu'Eugène-Gabriel Pagnerre devienne un Monsois reconnu et respecté. Désormais, il est partout : décorations murales d'un hôtel local, avis tarifés d'agences immobilières et dans une multitude de revues et journaux. On voit parfois, au détour d'une rue, quelques touristes côtoyer les riverains très fiers d'habiter leur « maison Pagnerre ».

Eugène-Gabriel Pagnerre a habité presque toute sa vie à Mons-en-Baroeul, dans des maisons qu'il a conçues. En 1905, dans le quartier du Trocadéro, il installe son premier cabinet d'architecture au 255 de la rue du Général-de-Gaulle. En 1912, il déménage au n° 2 de la rue du Quesnelet au « Vert Cottage », une villa plus volumineuse, soigneusement préservée. Dans ces deux cabinets vont être imaginées beaucoup de maisons du quartier et de villes de la métropole (Lille, La Madeleine, Marcq-en-Barœul, Wasquehal, Villeneuve-d'Ascq, etc.) Lors du centenaire du Grand Boulevard, le nom de Pagnerre a été souvent cité pour la beauté de ses maisons et leur modernité. La « maison isotherme » du 44/46, avenue de Flandre, qui date de 1929, est étonnante pour l'époque. Gabriel est un grand voyageur, lecteur et admirateur de Le Corbusier. Sa dernière maison connue, rue César-Franck à Lille, de 1934, s'inscrit dans le mouvement moderne de l'architecture internationale. « S'il ne fallait retenir qu'une seule chose de Pagnerre, souligne Nathalie Ponchel, architecte bordelaise spécialiste de Le Corbusier et de Gabriel Pagnerre, c'est qu'il a toujours été bouillant d'énergie et d'imagination.

Il ne s'est jamais copié. Il a toujours cherché des solutions nouvelles. » Gabriel s'est également intéressé à l'urbanisme. Il voulait faire de l'agglomération lilloise le centre de l'Europe. Il en avait situé l'épicentre à Mons-en-Barœul, au niveau de la nouvelle mairie. C'est là qu'est conservé un plan de sa main. On y voit ce centre, à la manière du rond-point de l'Étoile à Paris, avec les avenues qui rayonnent tout autour. Le projet n'a jamais vu le jour. • Alain Cadet.