Avec Gustave Desmettre, la naissance d’Halluin la Rouge
Un article de Florent Sterling paru dans l'édition de Tourcoing la Voix du Nord le jeudi 25 juillet 2019
La maison du peuple, une des réalisations de Gustave Desmettre (en médaillon). Coll. ARPH
En mars prochain, auront lieu les élections municipales. Les maires sont les élus préférés des Français. Mais quelle que soit leur sensibilité politique, certains maires ont marqué plus leur commune que d’autres par leur action, par la durée de leur mandat, par leur personnalité…
Lorsque Gustave Desmettre est élu maire d’Halluin, en décembre 1919, après avoir échoué aux législatives et aux départementales, il est encore socialiste. Né en 1882 dans une famille ouvrière de douze enfants, Gustave Desmettre entre aux Établissements Sion, à 13 ans comme apprenti en tissage. Il est membre fondateur et adhérent actif de toutes les organisations ouvrières dépendant de la maison du peuple, inaugurée en juillet 2014 (*)
(*) Une coquille, l'inauguration a eu lieu en juillet 1914.
Dans un de ses ouvrages, Maxence Van der Meersch parlera de « La ville sainte du communisme ».
Mais le destin d’Halluin va basculer en 1920 avec la Troisième Internationale et en France le congrès de Tours. Comme la majorité de son équipe municipale, il quitte les rangs socialistes pour rejoindre le Parti communiste français. C’est ainsi que la ville devient Halluin la Rouge, un bastion communiste, symbole dans une région dominée par les forces socialistes. Dans un de ses ouvrages, Quand les sirènes se taisent, Maxence Van der Meersch parlera de « La ville sainte du communisme ».
Gustave Desmettre peut compter sur de fidèles lieutenants, comme Gilbert Declercq et Édouard Vandewattyne, à ses côtés pour fonder toutes les organisations halluinoises communistes. Il s’appuie aussi sur Fernand Grenier, un Tourquennois dépêché à Halluin comme employé de mairie, « pour aider la municipalité communiste » et à qui l’on doit, en 1944, le droit de vote des femmes.
Parmi les mesures mises en place par Gustave Desmettre et la municipalité communiste, on peut évoquer des subventions pour les chômeurs et les grévistes, des aides pour les aînés mais aussi l’assistance médicale gratuite, la création de camps de vacances pour les jeunes. Au chapitre des réalisations, on peut citer l’école Jules-Guesde, l’aménagement du jardin public, la création d’un dispensaire et en 1927 des bains douches, rue de Lille, devenus dans les années 80 la bibliothèque municipale.
Suspendu par le Préfet
Au côté des ouvriers et des grévistes – les conflits furent nombreux à Halluin –, il est suspendu de ses fonctions de maire par le préfet du Nord en 1925. En 1930, c’est le Parti communiste qui l’exclut après avoir protesté contre l’exclusion de d’Albert Cornette. Jouissant d’une grande popularité dans sa commune, il est néanmoins réélu maire jusqu’à sa mort en 1935. C’est Gilbert Declercq qui lui succède.
« La cité industrielle d’Halluin a vu se dérouler bien des affrontements sociaux et politiques, qui, en leur temps, eurent un retentissement auprès d’innombrables travailleurs français » écrit Dominique Vermander dans son livre Un siècle d’histoire ouvrière à Halluin, 1840-1940. « Pour beaucoup, Halluin constitua un haut lieu de la combativité ouvrière ».