Francis, le petit-fils de l’architecte Gabriel Pagnerre, nous a quittés


Un article d’Alain Cadet La Voix du Nord | Publié en version numérique le 17 mars 2021 et en version imprimée le mardi 23 mars 2021.

 

Francis Pagnerre s’était, ces dernières années, beaucoup impliqué dans les manifestations mémorielles de la commune à propos de son grand-père. Il s’est éteint vendredi dernier, le 12 mars 2021, à l’âge de 87 ans. Il a été incinéré le jeudi 18 mars (comme son ancêtre qui repose au columbarium du Père Lachaise à Paris) à Belleville, proche de Bernex où il résidait en Haute-Savoie.



Si Internet n’avait pas existé, Francis Pagnerre aurait probablement perdu le fil de son histoire familiale. Il ne savait presque rien sur le lointain passé et c’est en tapant son nom qu’il est tombé sur le site Internet consacré à l’architecte monsois. « J’ai tout vu : son portrait, les maisons, les intérieurs et les vitraux. J’ai tout lu : sa vie, son œuvre, tout ce qu’il avait fait. Cela a été l’émotion de ma vie ! », déclarait-il fin 2009 alors que pour la première fois il retournait dans le Nord pour visiter le Vert Cottage.

 

Il s’était investi dans les différentes manifestations mémorielles organisées dans la commune en souvenir de l’architecte. Malgré l’éloignement géographique, il a été de tous les périples en bus, de toutes les expositions… il était même revenu spécialement dans le Nord pour participer au tournage d’un film.

 

De concert avec le maire de la commune, Rudy Elegeest, il avait découvert la plaque portant le nom de son grand-père, apposée à l’entrée du parc Gabriel-Pagnerre. Francis avait tissé des liens étroits avec beaucoup d’habitants de la commune, dont il était devenu, en quelque sorte, un citoyen d’honneur. Il avait fait don de la plupart des objets appartenant à grand-père à l’association Eugénies.

 

Eugène-Gabriel Pagnerre, le père des « Belles Monsoises »

 

Inconnu au début des années 2000, Eugène-Gabriel Pagnerre est revenu dans l’actualité ces dernières années grâce au travail de l’Association historique de Mons, relayé ensuite par l’association Eugénies. Désormais, l’architecte qui a grandement participé à constituer le paysage urbain est connu de tous.



Eugène-Gabriel Pagnerre naît en 1874, à Petite-Synthe. Son père est entrepreneur dans le domaine du bâtiment et fonde un cabinet d’architecture-construction dans la métropole lilloise. Le jeune Gabriel, s’initie au métier dans l’entreprise familiale. Mons-en-Barœul connaît en ce début de siècle un véritable « boom » de la construction. C’est une commune rurale d’à peine 4 000 habitants qui regorge de terrains à bâtir. Elle constitue le lieu idéal pour cette entreprise spécialisée dans la construction des « Belles Bourgeoises ».

 

En 1905, Gabriel Pagnerre installe, au 255, route de Roubaix (actuellement, rue du Général de Gaulle) son cabinet d’architecte et son domicile. L’endroit est en plein cœur des futurs chantiers. L’entreprise connaît un grand un succès. De nombreuses maisons Pagnerre vont y être érigées qui, aujourd’hui encore, font la fierté des habitants du quartier. Ces maisons du début de siècle, sont inspirées des Dunkerquoises du bord de mer. En 1912, l’architecte déménage son cabinet au « Vert Cottage », rue du Quesnelet, dont il a dessiné les plans.

 

Un précurseur des habitats à bon marché

 

La Première Guerre mondiale va donner un coup d’arrêt à cette « success story ». Bien que trop vieux pour être mobilisé, l’architecte va s’engager et passer quatre ans de sa vie dans les tranchées du front de l’est. À son retour, d’autres ont pris sa place… L’architecte doit se réinventer. Il va travailler sur des opérations plus modestes comme celle de la rue Pasteur où, dans le milieu des années 1920, il entreprend, bien avant que la loi Loucheur ne soit promulguée, un programme de construction de maisons économiques. De dimensions plus modestes, elles sont pourtant toutes réalisées avec soin, avec, à chaque fois un visuel différent de la façade. Aujourd’hui, elles sont très prisées de leurs propriétaires comme de leurs éventuels acquéreurs.

 

Le travail de Gabriel Pagnerre a marqué de manière indélébile les rues du vieux bourg historique.

 

Pour aller plus loin : https ://pagnerre.blogspot.com






Quelques mois après son épouse Monique Geneviève Pagnerre, née Cailles, disparaissait à son tour.


Voici ce qu’écrivait Monique (très habille avec l'informatique), en décembre 2022, à l’aube de ses 90 ans, quelques mois avant sa disparition le jeudi 6 juillet 2023.


" Francis me manque. Je suis heureuse que vous ayez pu repérer et cadrer le circuit découverte des constructions de Gab. Pagnerre. Tiens-moi au courant de la suite. Je vois que Eugab, comme l'appelait si gentiment Francis, n'est pas mort (façon de parler) ".