Cette construction, réalisée en 1925, rue Pasteur à Mons-en-Barœul, de l'architecte Gabriel Pagnerre est emblématique. Il s'agit de sa première tentative de modernisme dans le domaine privé. Située au 74 rue Pasteur, au milieu de nombreuses autres habitations de ce même architecte, elle a subi diverses fortunes. Cette habitation témoigne d'une période architecturale, richesse de notre patrimoine qui commence seulement à intéresser quelques particuliers. On pourrait comparer - toutes proportions gardées - avec le sort réservé à la Villa Cavrois de Mallet-Stevens, sortie de terre 7 années plus tard et dont le devenir a aussi suscité bien des inquiétudes, pour être enfin ouverte au public le 13 juin 2015.
Il existe d'autres œuvres de cette même influence, l'une sur le Grand Boulevard dite maison isotherme ou maison double, souvent attribuée à tort - mais quelle satisfaction - à Mallet-Stevens ou Le Corbusier, mais aussi des bâtiments publics comme les écoles de St Pol sur Mer et sa sœur jumelle d'Halluin détruite, tout comme le dispensaire également démoli à Halluin.
Un article paru, le 3 juin 2015, dans La Voix du Nord sous la plume d'Alain Cadet, résume les aléas de cette maison. Bravo pour cette belle rénovation.
Rue Pasteur, les réalisations de Gabriel Pagnerre sont très
nombreuses. Elles ont été construites vers le milieu des années 1920 et
correspondent à un tournant de la carrière de l’architecte nordiste. Mobilisé
pendant toute la durée de la Première Guerre mondiale, Eugène Gabriel ne revient
à Mons qu’en 1919. Tout a changé ! D’autres ont pris la place qu’il avait
laissée libre. Les réparations de guerre ne sont pas à la hauteur des
destructions commises par l’occupant. L’économie est au point mort. Gabriel
Pagnerre est un collaborateur régulier de L’Enchaîné, hebdomadaire du parti
communiste. Ses talents littéraires ne sont guère appréciés de sa riche
clientèle d’avant-guerre.
L’architecte doit évoluer. Il entreprend des programmes de
construction de maisons plus économiques que les belles « Bourgeoises » d’avant
1914. La rue Pasteur illustre parfaitement ce tournant avec ses petites
maisons, différentes par un détail mais qui se ressemblent toutes. Toutes sauf
une : celle du numéro 74.
C’est la première maison en béton armé qu’a osé
l’architecte, et c’est probablement la première du genre construite dans la
métropole lilloise.
Avec son toit plat en terrasse, ses murs épurés et ses grandes ouvertures elle s’inscrit dans le courant du « style international » apparu en France au début des années 1920. Pagnerre a, toute sa carrière durant, épousé les courants modernes. Pendant la guerre, dans le génie militaire, il découvre le béton armé. Adoptant les matériaux nouveaux et « l’architecture fonctionnelle », il réalise des constructions novatrices, comme la maison isotherme de Marcq-en-Barœul (1929).
Avec son toit plat en terrasse, ses murs épurés et ses grandes ouvertures elle s’inscrit dans le courant du « style international » apparu en France au début des années 1920. Pagnerre a, toute sa carrière durant, épousé les courants modernes. Pendant la guerre, dans le génie militaire, il découvre le béton armé. Adoptant les matériaux nouveaux et « l’architecture fonctionnelle », il réalise des constructions novatrices, comme la maison isotherme de Marcq-en-Barœul (1929).
Mathilde et Richard, les actuels propriétaires du 74 de la
rue Pasteur, ignoraient qu’ils habitaient une maison Pagnerre. Ils ne le savent
que depuis six mois. « Je l’ai appris par le journal, raconte Mathilde. Ma mère
a découpé l’article. Elle me l’a apporté. » Le couple adore sa maison, mais
pourtant un détail le chagrinait. « Le revêtement en céramique qui recouvrait
la maison était horrible, affirme Richard. C’est celui qu’on utilisait pour
décorer les boucheries ! ».
Avec l’aide d’une étudiante et d’un logiciel, le couple
dépose un permis de construire pour la rénovation de la façade. Ils optent
finalement pour un béton brut qui met en valeur son dépouillement.
Le résultat est très proche de ce que devait être la maison
à son origine. Et la bâtisse conserve ainsi l’esprit de son concepteur : à la
fois moderne et contemporain. A. C. (CLP)