La Villa Saint Luc

Cette construction de Gabriel Pagnerre a failli disparaître, en 1979, comme sa voisine, la Villa Chèvrefeuille, dans les griffes d'un promoteur qui souhaitaient les abattre pour créer un accès au parc du Trocadéro (devenu depuis Parc Pagnerre). Un espace de nature où il envisageait de bâtir plusieurs résidences !

Cette habitation a été réalisée en 1908, comme ont pu le préciser les nouveaux propriétaires. 

Elle possède de superbes vitraux qui mixent les styles géométrique et floral, à la limite de l'art nouveau et de l'art déco. On y retrouve l'éclectisme de Pagnerre, qui tout au long de sa carrière, sera précurseur et novateur.


Une carte postale de la Villa Saint-Luc a été édité par les nouveaux propriétaires en 2023 d'après une aquarelle de Hadelin Springuel.


" Après plusieurs semaines, les travaux de façade sont terminés.

Nous avons tout d'abord fait nettoyer les briques et refait les joints, nous avons choisi une couleur de joint beige car c'est ce qui semble être la couleur des joints d'origine.

Nous avons repeint l'ensemble des menuiseries et nous avons choisi pour les éléments de toiture et le balcon, une couleur bleue claire comme les briques vernissées. Notre choix a été conforté par le fait d'avoir découvert lors du ponçage de certains boiseries qu'elles étaient bleues avant d'avoir été repeintes en blanc. Les fenêtres quant à elles ont gardé leur couleur blanche. Nous avons choisi de faire peindre les ferronneries du balcon en noir, pour rappeler celles de notre porte d'entrée, de notre soupirail et de notre grille.

Enfin, nous avons fait poncer et revernir notre porte d'entrée avec une teinte " châtaignier clair " remettant ainsi en valeur la partie basse en marqueterie.

Après ces travaux, la Villa Saint-Luc retrouve son cachet et son style villa balnéaire de la Belle Époque. "


Clichés de Thomas Sanchez et Benoît Bonnaillie ©


Un élément floral traité géométriquement avec cette fleur de Lys à la Villa Saint-Luc. A remarquer également les verres taillés en éclats floraux stylisés. © Cliché Thomas Sanchez.


Vitrail floral et géométrique de style art nouveau de l'imposte de la porte d'entrée de la Villa Saint-Luc, au n° 202 rue du Général de Gaulle à Mons-en-Barœul. © Photo de Thomas Sanchez.






Le jardin d'hiver de la Villa Saint-Luc. 
Cliché de Thomas Sanchez ©.


A l'approche des Journées du Patrimoine, début septembre 2024, la Villa Saint Luc a retrouvé son épi de faitage

La Villa Saint-Luc aux Journées du Patrimoine 

Un article d'Alain Cadet paru dans la Voix du Nord à l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine de septembre 2024.

 

Thomas Sanchez et Benoit Bonnaillie, depuis l’achat de leur nouveau domicile, sont devenus des passionnés du patrimoine. Lors de la dernière session des projets participatifs de la Ville, leur dossier sur l’architecte a été retenu il sera financé. Dans toutes les rues de la commune où se trouvent des maisons dessinées par Gabriel Pagnerre, un totem sera érigé avec des éléments visuels et des explications concernant l’architecte et son travail. Devant chacune des maisons, un « clou » avec un QR code permettra, via le site de la Ville, d’avoir des renseignements précis concernant l’immeuble.


Plusieurs dates


La période est propice pour reparler de Gabriel Pagnerre. Le 4 octobre, on célébrera l’anniversaire de sa naissance. Lors des Journées européennes du Patrimoine du 21 et 22 septembre 2024, la villa Saint Luc sera ouverte au public (voir les modalités ci-dessous). On pourra visiter le rez-de-chaussée récemment rénové et les jardins. Des objets ayant appartenu à l’architecte, en possession de Jacques Desbarbieux, compléteront la visite. Une nouvelle ouverture au public aura lieu les 19 et 20 octobre, avec en prime un petit concert de musique de chambre !

A. C. (CLP)


Samedi 21 septembre et dimanche 22, de 10 h à 13 h, visites commentées de 45 min pour des groupes de 8 personnes sur réservation, départ toutes les heures. Inscription pour la visite en partenariat avec l’Office de Tourisme : www.villeneuvedascq-tourisme.eu ; ot@villeneuvedascq-tourisme.eu ; 03 20 43 55 75. Renseignements : Facebook et Instagram : villasaintlucmonsenbaroeul.



A l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine 2024, les nouveaux propriétaires Thomas Sanchez et Benoît Bonnaillie, ont souhaité ouvrir la Villa Saint Luc à la visite pour la première fois. L'occasion de pouvoir retrouver ces lieux dans leur jus, grâce à leur volonté de préserver cet héritage qui a eu la chance de ne pas connaître une valse de successeurs.

Leurs recherches ont permis de suivre l'historique de cette maison. 

L'histoire de la Villa Saint Luc

Son premier propriétaire, un belge, M. Hubert Van Rossom, l'avait commandé à Gabriel Pagnerre qui venait de faire construire son premier cabinet d'architecture presqu'en en face, au 265 rue du Faubourg de Roubaix (actuellement le 255 rue du Général de Gaulle). Il n'habita jamais cette villa, la réservant à la location, tandis qu'il fera bâtir pour lui-même, également avec Gabriel Pagnerre, une autre construction à Mons-en-Barœul au n° 21 de la rue Désiré Courcot.

L'habitation est construite en 1908 sur des anciens terrains de la ferme Becquet. Son commanditaire était artiste peintre restaurateur et doreur sur bois, il est sans doute à l'origine des peintures de la pièce du rez-de-chaussée donnant côté rue. Très réputé, il avait une boutique rue de la Grande Chaussée à Lille. Il était également membre de la société aérostatique du Nord et de la Société des Beaux-arts.

A cette époque Gabriel Pagnerre construit pour la bourgeoisie, une clientèle aisée qui venait à Mons-en-Barœul pour son bon air. On retrouve d'ailleurs des appellations Bon Air et Bel Air dans d'anciens lieux monsois.

Dans cette maison habite Emile Raoult jusqu'à son décès en janvier 1919, probablement consécutif à la seconde vague de la grippe espagnole, qui emporta de nombreux monsois, comme la propre maman de Gabriel Pagnerre.

C'est alors qu'un locataire depuis un an, Edmond Ramart, un ancien commerçant en tissus, devenu expert comptable, se porte acquéreur du bien en 1921. Il y habite avec son épouse Marguerite et leur fille Geneviève. Cette dernière restera dans la villa jusqu'à son propre décès en 1982.

Pierre Lemaire, libraire et imprimeur, et son épouse Brigitte, l'achèteront à ce moment pour la céder en mars 2023 à Thomas Sanchez et Benoît Bonnaillie.

En 1979, cette construction a failli disparaître sous les griffes d'un promoteur qui cherchait un accès au Parc du Trocadéro (devenu Parc Pagnerre depuis) pour une opération immobilière dans cet écrin de verdure. Marc Wolf, maire de Mons-en-Barœul, empêcha heureusement ce destin funèbre.


Maison construite par Gabriel Pagnerre au n° 21 de la rue Désiré Courcot à Mons-en-Barœul pour M. Van Rossom. On retrouve la même brique vernissée blanche que sur la façade de la Villa Saint Luc. Ainsi qu'une alternance des tonalités blanches et bleues, avec une installation en damier au sommet de l'habitation. Les ferronneries du balcon imitant un feuillage enchevêtré sont fortement ouvragées. Cette réalisation date du début du XXème siècle, elle correspond à la période art nouveau.
Dans cette rue et dans la rue Chanzy à Lille qui lui fait suite Gabriel Pagnerre réalisera également de magnifiques groupes de maisons.
Cliché de Jacques Desbarbieux janvier 2005 ©.


Quelle était la couleur d'origine des boiseries ? Comme pour d'autres constructions de Gabriel Pagnerre nous les avons vu évoluer au fil du temps et des modes. Pour la Villa St Luc, c'est la teinte bleue originale qui a remplacé le blanc, comme cela a pu être vérifié à l'occasion du décapage des couches successives. Quelquefois c'est même un coloris rouge qui était initialement utilisé, comme nous avons pu le constater nous-même pour la maison de l'avenue du Trocadéro que nous avons eu la chance d'habiter quelques années.