L’architecte Eugène Gabriel Pagnerre a conçu plusieurs centaines de constructions sur le littoral septentrional et dans la métropole lilloise. 

Ses réalisations sont situées principalement à Lille et dans ses environs, à La MadeleineWasquehalMarcq-en-Barœul, CroixVilleneuve-d'Ascq et Mons-en-Barœul où il a longtemps habité et installé son 1er cabinet d'architecture (1905-1912) et son 2ème le Vert Cottage (1912-1922).

Avant-gardiste dans le domaine de la construction avec des recherches sur les nouveaux matériaux (briques en mâchefer, emploi du béton armé), il sera aussi écologiste avant l'heure avec la création d'un élevage avicole à Oye-Plage, où ses volatiles auront la plus belle des demeures !

Il s'intéressera à l'urbanisme et à l'aspect social de l'habitat, notamment à son retour de Verdun après avoir participé à la reconstruction de routes en Alsace libérée. Franc-maçon, il sera également secrétaire du syndicat des architectes.

Outre de multiples villas et maisons particulières, il est aussi l'architecte de quelques bâtiments publics. Qualifiées d’éclectique, ses œuvres sont marquées par une recherche constante de modernité. Il a abordé successivement l’Art nouveau, l’Art déco et le modernisme qui le conduira à se rapprocher de Robert Mallet-Stevens et de Le Corbusier.

Gabriel Pagnerre à la Madeleine


Cette carte postale photo a été prise à la Madeleine. Une ville où les Pagnerre, père et fils, ont demeuré plusieurs années et laissé des nombreuses constructions. On y découvre Gabriel Pagnerre, posant devant deux de ses réalisations.

Merci à son petit-fils Francis, qui nous a aidé à identifier l’auteur de cet envoi. Cette carte est signée par tante Elises, dite tante Zizi, qui l’écrit depuis le Vert Cottage à Mons-en-Barœul lez Lille, début mai 1913. Elle indique « Notre maison » car elle demeure au 25 rue Faidherbe avec son mari, l'oncle Dutrieux, qui possède un cirque à Courtrai. 

Une habitation surprenante car on sait, grâce à des témoignages et pour l’avoir visité, qu’il s’agit d’une réalisation faite à la demande de la propriétaire d’en face qui souhaitait découvrir une œuvre agréable depuis ses fenêtres. Une maison qui de plus a la caractéristique d'être bâtie sur une parcelle très étroite. Gabriel Pagnerre y réalise une prouesse architecturale, en utilisant des astuces proches d'un décor théâtral. Le vestibule de l'entrée donne l'illusion d'une pièce immense grâce à un jeu de miroir et un faux escalier, tandis que l'accès aux autres pièces se fait de part et d'autre. 





Merci d'avoir contribué à la préservation des sgraffites du Mondial Cinéma

La campagne de dons pour la préservation des sgraffites de la façade du Mondial Cinéma de Gabriel Pagnerre est terminée.



Le père des " Belles Monsoises "

 


Eugène-Gabriel Pagnerre, le père des « Belles Monsoises »  


Un article d'Alain Cadet dans la Voix du Nord le mardi 23 mars 2021, édition de Mons-en-Barœul

 

En illustrations : La villa Saint-Luc, l’une des réalisations de l’architecte et une photo de l'architecte Eugène Gabriel Pagnerre en 1923.


Inconnu au début des années 2000, Eugène-Gabriel Pagnerre est revenu dans l’actualité ces dernières années grâce au travail de l’Association historique de Mons, relayé ensuite par l’association Eugénies. Désormais, l’architecte qui a grandement participé à constituer le paysage urbain est connu de tous. 


Le travail de Gabriel Pagnerre a marqué de manière indélébile les rues du vieux bourg historique. 


Eugène-Gabriel Pagnerre naît en 1874, à Petite-Synthe. Son père est entrepreneur dans le domaine du bâtiment et fonde un cabinet d’architecture-construction dans la métropole lilloise. Le jeune Gabriel s’initie au métier dans l’entreprise familiale. Mons-en-Barœul connaît en ce début de siècle un véritable « boom » de la construction. C’est une commune rurale d’à peine 4 000 habitants qui regorge de terrains à bâtir. Elle constitue le lieu idéal pour cette entreprise spécialisée dans la construction des « Belles Bourgeoises ».


En 1905, Gabriel Pagnerre installe, au 255, route de Roubaix (actuellement, rue du Général-de-Gaulle) son cabinet d’architecte et son domicile. L’endroit est en plein cœur des futurs chantiers. L’entreprise connaît un grand succès. De nombreuses maisons Pagnerre vont y être érigées et, aujourd’hui encore, font la fierté des habitants du quartier. Ces maisons du début de siècle sont inspirées des Dunkerquoises du bord de mer. En 1912, l’architecte déménage son cabinet au « Vert Cottage », rue du Quesnelet, dont il a dessiné les plans.


Un précurseur des habitats à bon marché


La Première Guerre mondiale va donner un coup d’arrêt à cette « success story ». Bien que trop vieux pour être mobilisé, l’architecte va s’engager et passer quatre ans de sa vie dans les tranchées du front de l’est. À son retour, d’autres ont pris sa place… L’architecte doit se réinventer. Il va travailler sur des opérations plus modestes comme celle de la rue Pasteur où, dans le milieu des années 1920, il entreprend, bien avant que la loi Loucheur ne soit promulguée, un programme de construction de maisons économiques. De dimensions plus modestes, elles sont pourtant toutes réalisées avec soin avec, à chaque fois, un visuel différent de la façade. Aujourd’hui, elles sont très prisées de leurs propriétaires comme de leurs éventuels acquéreurs. Le travail de Gabriel Pagnerre a marqué de manière indélébile les rues du vieux bourg historique. A. C. (CLP)


Pour aller plus loin : pagnerre.blogspot.com




Architectures et paysages

Le parcours « Architectures & paysages » à Mons-en-Barœul a été inauguré le mardi 20 mars 2018.

L’association Eugénies qui a participé à cette réalisation est heureuse de voir le patrimoine architectural reconnu dont celui de Gabriel Pagnerre avec 3 lieux identifiés :  Le Vert Cottage (5), La Villa St Luc (8) et La rue Pasteur (14).

Malheureusement assez rapidement de nombreux totems ont disparus, d'une conception sans doute trop fragile pour résister. 




EUGENE GABRIEL PAGNERRE

Architecte né en 1874 à Petite-Synthe, décède à Paris en 1939. Adepte de l'Art Nouveau géométrique, proche des styles bruxellois et nancéen, son œuvre éclectique est très riche avec plusieurs centaines de constructions privées dans la région septentrionale. 

On lui doit aussi quelques bâtiments publics comme des écoles, un dispensaire, des bains-douches, des ateliers, des commerces et des cinémas.

Successivement Secrétaire du Syndicat des Architectes Agréés du Nord de la France, puis Secrétaire du Syndicat Régional des Architectes, c'est à ce titre qu'il fera venir Le Corbusier à Lille en 1933. Il soutiendra la candidature de Robert Mallet-Stevens au poste de Directeur des Beaux Arts à Lille.


LE VERT COTTAGE

Cette maison familiale et aussi le deuxième cabinet d’architecture monsois de Gabriel Pagnerre qu’il construit en 1912 dans le style Arts and Crafts. On retrouve l’influence franc-maçonnique dans de nombreux éléments décoratifs triples.

Elle est réalisée en béton armé et parpaings en mâchefer, matériaux innovants à l’époque. Des pavés de verre, au décor stylisé, réalisent des puits de lumière qui éclairent la Villa entre rez-de-chaussée et étage.

C’est une œuvre totale. L’architecte y dessine également le mobilier et les vitraux. Ceux-ci, colorés, au décor épuré et parfois moderne, apportent de superbes clartés à cet intérieur cosy, en privilégiant les tons chauds.

Elle joue ainsi le rôle de vitrine et de lieu de réception de la clientèle.




VILLA SAINT LUC (Disparu)

Cette villa (n° 202) et sa voisine, dite les Chèvrefeuilles (n° 200) sont typique de l’Art déco géométrique bruxellois oui nancéien qui s’oppose au style floral parisien de Guimard. 

La construction en recul permet de s’affranchir des règles d’urbanisme et de jouer sur les volumes de la façade. Les balçons ou le bow-window en sont les marques les plus évidentes. Vitraux, céramiques et briques vernissées apportent des touches colorées. De nombreux éléments à base triple, comme les petits bois des fenêtres ponctuent ces deux réalisations. Gabriel Pagnerre s’évertue à faire oublier les toitures.


La plaque de la Villa Saint Luc qui a disparu



Il persiste la fixation du totem au sol !


RUE PASTEUR (Disparu)

Au début de cette rue, au n° 18, figure la seule façade portant la double signature de Gabriel Pagnerre et de Louis Lucien, son père, témoin d’une collaboration de début de carrière (1903).  

La seconde partie de la rue est caractérisée par des alignements de maisons, réalisées de 1920 à 1925, dans l’esprit précurseur des HBM (Habitation Bon Marché) de la Loi Loucheur (1927). Ces bâtisses construites en retrait avec des jardinets, reprennent une idée chère à l’architecte qui recherche l’agrément visuel autant pour le propriétaire que pour le passant.

Sur une base intérieure commune, elles sont cependant déclinées avec des variantes de façades. Sa première réalisation, moderniste et cubique, qui date de 1925, est visible au n° 74.



Cette plaque vient elle aussi de disparaître début 2024


Des totems (en)volés

Il faut malheureusement remarquer que sur la vingtaine de totems réalisés, il n'en reste que très peu. 

C'est ainsi que, outre ceux concernant Gabriel Pagnerre et apposés à l'entrée de la rue Pasteur et rue du Général de Gaulle devant la Villa St Luc, d'autres très nombreux se sont également (en)volés.

Ce sont ceux concernant la Brasserie de Mons-en-Barœul, le Parc des Franciscaines, les réalisations de l'architecte Marc Varlet (la deuxième chaufferie de Mons et les ateliers municipaux), les constructions d'Henri Chomette (la première chaufferie et la Résidence de l'Europe), le Fort de Mons-en-Barœul (Général Séré de Rivières), etc

Une belle idée et des désillusions


Entre novembre 2017 et mars 2018, plusieurs réunions avaient permis de mettre au point une belle idée, celle d'un parcours architectural de découverte dans la ville de Mons-en-Barœul. 


Les totems, sortes de signaux repères, qui avaient été conçus pouvaient être installés à la fin du premier trimestre 2018, juste à temps pour une inauguration du circuit, le 20 mars, suivie d'une promenade citadine le 25 mars. 

En juin 2018,  à peine posé, trois panneaux repères avaient déjà disparu. Le totem consacré à Marc Varlet, l'architecte de la seconde pyramide, avait pris la clef des champs alors que celui juste à côté d'Henri Chomette résistait un peu plus longtemps.

En juin 2018, le totem évoquant la pyramide de Marc Varlet, situé à côté de celui d'Henri Chomette, s'était déjà envolé, 3 mois à peine après son installation. Après la disparition mystérieuse de ceux de la Villa Saint Luc rue du Général de Gaulle et du Général Séré de Rivières à l'entrée du Fort, il en restait encore 17 totems ... pas pour longtemps ! 

Depuis les disparitions se sont poursuivies, s’agit-il d’un collectionneur ou admirateur ? Ou plus prosaïquement d’un récupérateur ?


Du totem à l'entrée du Fort, il persiste le poteau ! 
Cliché du dimanche 7 novembre 2021


Image du passé, le totem posé devant la Brasserie de Mons, a été enlevé à l'occasion de l'installation des nouvelles cuves et jamais remis à sa place. De même pour celui situé juste en face aux ateliers municipaux.

Il paraîtrait que certains totems, récupérés en mauvais état, dormiraient aux ateliers techniques, une place plus sécurisée mais qui pourrait faire craindre un repos éternel.


Combien en reste t-il ?

Saurez-vous trouver le nombre exact de totems ?


On vous donne un indice il y en avait 20, et il était prévu d’en ajouter 5 chaque année … 



Les totems disparus